Attaquant d’Augsbourg en Bundesliga, le joueur de 30 ans s’est imposé comme un élément clé de son équipe nationale. Son rôle ne se limite pas à marquer des buts ; il incarne le cœur et l’âme de l’équipe, motivant ses coéquipiers et les guidant dans les moments difficiles. Il assume cette responsabilité avec fierté, sachant que son expérience et son leadership seront essentiels pour affronter les redoutables adversaires qui l’attendent.
Le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2025 a placé le Bénin dans un groupe particulièrement relevé, aux côtés du Sénégal, champion d’Afrique 2021, de la RD Congo, demi-finaliste de la dernière édition, et du Botswana, une sélection d’Afrique australe à ne pas sous-estimer. Dans cette interview avec Cafonline.com, le capitaine béninois partage ses réflexions sur le tirage au sort, ses attentes pour le tournoi et son rôle de leader au sein des Écureuils.
Cafonline.com : Le Bénin est placé dans le groupe D avec le Sénégal, le Botswana et la République démocratique du Congo. Quelles sont vos impressions ?
Steve Mounié : Ce n’est pas un groupe facile, mais une fois qu’on participe à la Coupe d’Afrique des Nations, toutes les équipes sont de très haut niveau. On sait que ce sera difficile. On débute contre la RD Congo, une équipe qui est en grande forme en ce moment, puis on affrontera le Sénégal, qui est toujours présent et parmi les favoris. Quant au Botswana, on le connaît moins, mais s’il est là, c’est qu’il a gagné sa place et qu’il est performant.
Vous évoquez le match contre la RD Congo. Ce sera aussi l’occasion d’affronter Samuel Essende, l’un de vos coéquipiers. Les plaisanteries ont-elles déjà commencé ?
Ça a commencé bien avant le tirage au sort ! En fait, j’espérais jouer contre Samuel, car on adore se taquiner. Il adore taquiner le Bénin, et je répondais : « On verra bien qui aura le dernier mot si on se retrouve face à face. » J’espérais donc qu’on affronte le Congo en phase de poules pour trancher définitivement !
La dernière participation du Bénin à la Coupe d’Afrique des Nations remonte à 2019 en Égypte. Vous aviez éliminé le Maroc en huitièmes de finale (1-0) avant de vous incliner de justesse face au Sénégal en quarts de finale (1-0). Quels souvenirs gardez-vous de ce parcours et quels enseignements en avez-vous tirés ?
Ce fut une aventure exceptionnelle. Notre objectif était d’atteindre les quarts de finale, et nous l’avons atteint. À notre retour, nous avons été accueillis en héros, comme si nous avions remporté la CAN. Ce fut un incroyable moment d’unité avec le peuple béninois. Pour certains d’entre nous, c’était notre première participation à la CAN, et atteindre ce stade de la compétition dès notre première expérience a été magique. L’objectif est maintenant de rééditer cette performance et de faire vivre une nouvelle fois des émotions fortes au peuple béninois.
Comment l’équipe a-t-elle vécu ces six années sans participer à la Coupe d’Afrique des Nations, et comment a-t-elle progressé ?
Manquer les deux dernières CAN a été très difficile, surtout celle d’après 2019, car nous nous sentions vraiment forts à l’époque. Ne pas pouvoir enchaîner avec une deuxième participation a été difficile à accepter. Depuis, l’équipe a beaucoup évolué. L’effectif a été largement renouvelé, avec l’intégration de nombreux jeunes joueurs sous la direction d’un nouvel entraîneur, Gernot Rohr. Une nouvelle dynamique s’est créée, tout en conservant les valeurs qui nous ont portés en 2019 : solidarité, travail et détermination. Le Bénin n’a peut-être pas les plus grands talents du continent, mais nous avons de très bons joueurs. Notre force réside dans le collectif. Si nous perdons cette solidarité, nous n’irons nulle part. Cette prise de conscience nous a permis de nous qualifier à nouveau. Regarder la CAN 2023 à la télévision a été une expérience difficile. Assister à cette grande fête en Côte d’Ivoire sans y être était frustrant. Cela nous a poussés à tout donner pour ne pas manquer une autre Coupe d’Afrique des Nations. Nous ne pouvions pas rester spectateurs en 2025, alors que la compétition se déroule au Maroc.
Que représente pour vous la Coupe d’Afrique des Nations ?
Pour une nation africaine et pour nous, joueurs, c’est l’objectif ultime. Bien sûr, la Coupe du monde est au-dessus, mais la CAN est la grande fête du continent. Nous voulons tous y être, affronter les meilleures équipes et montrer que le Bénin sait jouer au football. C’est aussi une vitrine pour nos joueurs, une occasion de montrer de quoi nous sommes capables.
Que signifie jouer la Coupe d’Afrique des Nations en tant que capitaine ?
C’est un immense honneur. À mes débuts en équipe nationale, je n’aurais jamais imaginé devenir un jour capitaine. Aujourd’hui, porter ce brassard lors de la Coupe d’Afrique des Nations est un moment unique que j’ai hâte de vivre. C’est une façon de représenter le pays encore plus fort. Cela me remplit de fierté et j’espère que nous ferons un grand tournoi et que nous montrerons un visage digne du Bénin.
Quel sera l’élément clé pour que le Bénin crée la surprise lors de cette CAN ?
Solidarité. Si nous jouons en équipe, sans chercher à briller individuellement, nous pouvons contrarier plusieurs adversaires. Nous l’avons déjà prouvé lors des qualifications et des matchs amicaux contre de grandes nations. Si nous parvenons à reproduire ces performances, nous pouvons aller loin.
On vous décrit souvent comme un leader, sur le terrain comme en dehors. Comment gérez-vous la pression liée à ce rôle, notamment lors des matchs à enjeux élevés ?
La pression est essentielle pour performer. Avant notre dernier match de qualification contre la Libye (0-0), j’avais dit aux gars : « Celui qui dit ne pas ressentir la pression ment. Mais acceptez cette pression, car elle vous poussera à dépasser vos limites. ». Je ne veux pas fuir la pression ; au contraire, je la recherche. Cela m’aide à donner le meilleur de moi-même et à performer à un niveau élevé.
Un dernier mot pour les supporters béninois ?
Continuez à nous soutenir, comme vous l’avez fait tout au long de la campagne de qualification. J’espère que vous vous mobiliserez pour venir nombreux au Maroc. Ce serait formidable d’avoir un groupe de supporters béninois à Rabat. De notre côté, nous donnerons tout pour la nation et veillerons à leur offrir beaucoup d’émotions lors de cette Coupe d’Afrique des Nations.
Confederation of African Football