Thursday, November 21, 2024
L'Information Sportive en Continu


Football, Infos | 215 228 vues

Entretien avec Jean-Marc Adjovi-Boco : « Ce que fait Anif-foot cadre avec la ligne tracée par le Chef de l’Etat »



 

Ancien capitaine des Ecureuils, co-fondateur de l’Académie Diambars au Sénégal, aujourd’hui, Conseiller technique du Ministres des Sports, Jean-Marc Adjovi-Boco anime le jeudi 27 aout 2020, à Cotonou, une formation organisée par l’Association Nationale des Initiatives de Formation en Football. Dans cet entretien, il expose les motivations qui fondent son engagement aux cotés de Anif-Foot, explique le choix de Parakou pour accueillir les formations, en dehors de Cotonou et donne un aperçu du contenu des modules qu’il aura à présenter.

 

www.benin-sports.com : Quelles sont vos motivations en adhérant au programme de formation initié par ANIF-FOOT?

 

Jean-Marc Adjovi-Boco : C’est l’envie de partager mon expertise; mes expériences notamment les 20 ans d’existence du projet Diambars. L’association qu’on a créée avec Bernard Lama, Patrick Vieyra et Seck date d’octobre 2000. Et en octobre 2020, ça fera 20 ans d’expériences à partager avec le Bénin. Toutes ces expériences, je vais les partager avec tous ces encadreurs, ces éducateurs et promoteur de centre de formation. C’est toujours ce que j’ai voulu faire. J’espère que cette formation sera une belle réussite. La transmission fait partie des valeurs qui sont les miennes.

 

Qu’est ce qui vous séduit dans le projet de Anif-Foot ?

 

Ce qui me séduit dans la démarche de l’association Anif-Foot présidée par Sosthène Sèflimi, c’est sa vocation d’apporter un complément à ce que fait la Fédération béninoise de football (Fbf) aujourd’hui. Ces dernières années, le travail de formation des jeunes n’a pas été réalisé et je trouve que la volonté de cette association de s’occuper des jeunes et de la formation des cadre va dans le sens et sur la ligne que le chef de l’Etat a tracée : celle du développement du sport et notamment du football.

 

Nous appris que vous avez insisté pour qu’en dehors de Cotonou que la Master class se déroule également à Parakou ?

 

J’ai fait beaucoup de choses à Cotonou. J’ai déjà visité des centres de formation à Cotonou, à Porto-Novo. J’ai été voir aussi des choses à Ouidah. Et pour le moment, je ne suis pas monté dans le Nord. Je sais combien le Sport et le football en particulier prospère là-bas. J’ai regardé les résultats et j’ai beaucoup d’amis qui me disent qu’il faut que j’aille dans le Nord. Et j’ai une réelle d’envie d’aller rendre visite à mes compatriotes du Nord du Bénin.

 

Vous vous êtes personnellement investi auprès du Président de Anif-Foot pour que la participation des femmes à cette formation soit massive. Qu’est ce qui explique ce choix personnel ?

 

On voit dans le monde entier aujourd’hui que le football féminin se développe. On est encore au balbutiement sur le continent africain. J’ai vu quelques filles jouer. Je pense que le Bénin peut très rapidement se positionner parmi les bonnes équipes du continent. Il faut qu’on prenne ce projet du football véritablement en main. En plus, la cause féminine me tient tout particulièrement à cœur. Je suis un des porteurs du projet «Carte Rouge» qui vise à combattre les violences et discriminations faites aux femmes et aux filles. Je pense que la femme est l’avenir de l’homme. Et je pense que ces dernières décennies, on n’a tellement manqué d’actions de développement envers les femmes et dans toutes les dimensions. Aujourd’hui, s’occuper de la formation des jeunes filles et des femmes me tient tout particulièrement à cœur.

 

Vous êtes au Bénin ça fait un bon moment. Avez-vous fait un état des lieux des encadreurs des centres de formation ?

 

Je ne peux pas dire qu’on a fait un état des lieux. On a avec le Ministère commencé à évaluer les centres de formation. Pour les encadreurs, je ne peux pas dire qu’on l’est fait pour le moment. C’est vrai que la pandémie liée à la Covid 19 a bloqué toutes les actions qu’on a voulu mener. Mais sachez que pour moi, le football passe d’abord. Ce qui est bien est qu’on a lancé la construction des infrastructures mais le football passe d’abord par le développement et la formation des encadreurs. Sans formateurs, entraîneurs et éducateurs, le football ne pourra jamais se développer. Et ça, il faut qu’on en tienne compte. Nous avons la professionnalisation du football. L’axe de la formation des encadreurs doit être l’axe prioritaire.

 

Alors, qu’est ce que cette formation peut apporter aux participants ?

 

Il ne faut pas qu’on pense que les gens qui vont sortir de cette formation vont devenir les plus grands éducateurs de ce monde. C’est juste en une heure et demie. C’est déjà un honneur de partager cette formation avec le coach Edmé Codjo qui est quelqu’un que j’apprécie. C’est quelqu’un d’extrêmement compétent et humble. Il faut que le Bénin se rende compte de la qualité des hommes qui sont ici. Ce qu’on va apporter, c’est juste par module, une heure et demie d’échanges d’expériences. Mais en sortant de là, il ne faut pas qu’ils pensent qu’ils auraient eu tout, que ça soit sur les jeunes, ou sur les centres de formation ou sur le transfert. Ce n’est pas ça du tout. On va juste rapporter des éléments de compréhension, d’analyse, des expériences. Mais derrière, ce qu’il faut, c’est qu’il y ait de vraies formations qui soient mises en place. Et ça, c’est le rôle de la Fbf, du Directeur technique national (Dtn).

 

Les joueurs béninois ont du mal à s’imposer lors des tests en Europe. Est-ce la formation qui est faussée ?

 

Il y a plusieurs paramètres. Il y a la formation. On ne peut pas penser qu’une seule seconde que si on n’a pas la formation des formateurs qu’on puisse avoir une formation de qualité. C’est juste impossible. Pour un pays de 12 millions d’habitants, avoir quelques éducateurs ou entraineurs de qualité, ça ne suffit pas. Ce qu’il faut, c’est qu’on ait des centaines et milliers d’éducateurs pour qu’à tous les niveaux, dès le plus jeune âge, qu’on puisse commencer à mettre des séances de veille, de découverte, préformation, de formation et de post-formation. Il faut que dans toutes les catégories d’âge, qu’on puisse avoir des entraîneurs spécialisés, des éducateurs ou animateurs qui vont se charger d’accompagner le développement de nos jeunes. La deuxième partie, c’est une fois formés, quel est le service après vente. Je ne le cache pas. Si on a réussi à faire sortir autant de jeunes à Diambars, c’est parce qu’il y a eu un bon recrutement, une bonne formation et une bonne éducation et puis par derrière, il a fallu qu’on aille les mettre sur le marché les présenter. C’est vrai que Bernard Lama, Patrick Viera, Seck et moi-même nous avons nos réseaux. C’est ce qui nous permet d’ouvrir les portes à nos jeunes. Une fois que ces portes sont ouvertes, c’est à eux de faire le job. C’est vraiment important de comprendre toute la chaîne qui commence de la découverte des talents à la formation.

 

Dès l’annonce de votre présence à Parakou, il y a un jeune qui a souhaité quitter Sèmèrè pour Parakou. Peut-on lui donner le top-départ pour qu’il quitte Sèmèrè ?

 

Écoutez, il faudra me donner son nom et son numéro parce qu’il faudra que je l’appelle. Manifestement, le nombre d’inscrit ne suffit pas pour qu’on organise comme prévu la formation le 24 aout prochain. La formation va donc être repoussée mais, je tiens à préciser qu’elle n’est pas annulée. Je tiens vraiment à ce que cette formation ait lieu car on m’a beaucoup parlé du Nord du Bénin et de Parakou pour que je m’y rende pas.

 

Quelle est la pertinence du deuxième module de la formation relative au marché de transfert ?

 

Cette partie est extrêmement importante parce qu’elle détermine le fait de connaître le marché des transferts pour en déterminer les clés, elle va également déterminer l’approche pour les gens afin de pouvoir placer leurs joueurs et en bénéficier. Il est important que nos jeunes ne partent pas en Europe dans des conditions défavorables. C’est important pour eux, c’est important pour notre pays et c’est important pour le continent. C’est à dire qu’il nous faut changer les rapports de force qui existent aujourd’hui entre l’Afrique et l’Europe pour que l’Afrique soit beaucoup plus respectée. Je peux vous dire que quand un jeune qui a passé cinq (05) années de formation chez nous à Diambars Foot Académie, part pour un club européen, il part dans les conditions prévues par la Fifa; il ne part pas pour moins de trois cents milles (300.000) euros. Les clubs européens ont parfois tendance à profiter de la situation économique des petits centres de formation africains qui pour la plupart ont besoin d’argent. Nous, on a la chance de ne pas avoir ce problème. On a également une certaine notoriété qui joue en notre faveur. Il nous revient donc d’imposer la réglementation Fifa sur le continent et qu’elle soit respectée. Je suis certain qu’aucun centre de formation au Bénin n’a touché ce qu’il devrait normalement touché dans le cadre d’un transfert. Aujourd’hui, le Chef de l’Etat fait des investissements importants dans le sport. A un certain moment, il faudra avoir un retour sur investissement et c’est par là que ça passe. En disant ça, je ne prends pas les joueurs pour des marchandises. C’est juste qu’il y a un marché qui existe et vu tout ce que le Président Talon est entrain d’être fait notamment au niveau des infrastructures, il il faut que demain, notre pays en bénéficie. Autrement, ce serait de l’argent public investi sans retour sur investissement, ce qui serait un mauvais investissement. Il nous revient donc à nous qui maîtrisons le marché de mettre à la disposition des centres de formation, les clés nécessaires afin qu’ils aient les arguments pour pouvoir négocier avec les clubs. A partir de là, je peux vous promettre que pour un bon joueur, 300.000 euros, c’est rien.

 

Réalisation : Pérez Lekotan

 

Comments


Laisser un commentaire


Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *